Chapitre 14 (deuxième partie)
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XIV Récit de Rémy Doutreleau, quatorze ans, frère de Yann
Quand Yann a fait basculer la porte du garage, je me suis précipité sur lui et je l’ai pris dans mes bras :
— Bravo, Yann ! Bravo !
Il était noir de suie, écorché aux coudes et aux genoux. Il nous a mimé comment il était descendu dans le conduit de la cheminée, à la façon des alpinistes. On a vite refermé la porte et on est partis à la recherche du disjoncteur pour faire de la lumière. C’est Paul qui l’a trouvé.
Pour entrer dans le salon, on a enlevé nos chaussures. On n’osait pas parler. Le sol était couvert d’un immense tapis comme on en voit dans les catalogues de réclame. Au milieu, une table basse en verre et autour, des fauteuils en cuir où on aurait pu s’asseoir à trois.
On s’est suivis en troupeau d’une pièce à l’autre.
Il y avait au moins cinq chambres, toutes bien rangées et bien propres.
— C’est des chambres de filles, a dit Pierre.
Et il avait raison, ça se voyait aux petits objets alignés sur les étagères et aux photos de vedettes accrochées aux murs. Y’a que des filles pour faire ça.
Un peu plus tard, dans le salon, on en a eu la preuve.
Elles étaient toutes dans un cadre, les sept filles, avec leurs parents. Drôlement jolies, il fallait le reconnaître, toutes blondes et gracieuses, comme leur mère d’ailleurs. Le père aussi souriait de bon coeur sur
la photo. Il avait l’air d’un brave type. On s’est dit qu’on abîmerait rien et qu’on laisserait même un mot d’excuses et de remerciements quand on repartirait le lendemain.
Dans la cuisine, le frigo était vide et entrouvert. Rien non plus dans les placards, sauf un paquet de biscottes qu’on s’est partagé aussitôt.
Pour la nuit, on a pris des couvertures dans les lits des filles et on les a mises par terre sur le tapis du salon. Pas la peine de salir les chambres. On dormirait tous là et, en plus, on se tiendrait chaud.
— Y’a pas de télé ? a demandé Victor.
Non, il n’y en avait pas. Par contre, Paul a réussi à mettre la chaîne hi-fi en marche. On l’a engueulé, mais quand il a une idée en tête... La musique était tellement triste qu’on a fini par l’arrêter. Et pourtant elle me plaisait un peu quand même, c’était bizarre. J’ai regardé sur le boîtier du CD. Ça s’appelait «  Suites pour violoncelle  », et le musicien, c’était Bach. Il y a des gens qui écoutent de drôles de trucs.
— Et si on ouvrait les volets, a demandé Max, peut-être qu’on verrait l’Océan d’ici ?
La lumière s’est éteinte à ce moment-là , et dans les secondes qui ont suivi, on a entendu le bruit de la perceuse électrique.
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