Chapitre 18 (deuxième partie)
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XVIII Récit de Jean Martinière, soixante ans, officier pont
Un petit enfant assis en tailleur sur le pont. Avec une couverture marron sur les épaules.
On avait quitté au matin le port autonome de Bordeaux avec du grain dans la cale. Parce que je transporte des marchandises, dans mon cargo, et pas des passagers.
— Qu’est-ce que tu fais là , toi ? je lui ai demandé.
Mais il s’est pas démonté, l’enfant. Il m’a regardé par-dessus son épaule et m’a fait le plus joli sourire qu’on puisse imaginer. Le genre de sourire qui vous coupe la colère, je vous assure. Moi qui suis grand-père, un gosse comme ça, il me prend par le bout du nez et il m’emmène ou il veut.
— T’as perdu ta langue ? Où tu comptes aller comme ça ? Où étais-tu caché ?
Pas de réponse. Et toujours ce sourire. C’était très étrange. L’idée m’est venue que cet enfant n’était pas réel, qu’il sortait tout droit d’un conte. Que j’avais le droit d’y entrer pour un instant. Qu’il voulait bien m’y accepter. À condition bien sûr que je cesse de poser des questions idiotes.
Je me suis assis à côté de lui, avec mille précautions, de peur de briser l’enchantement. Il faisait incroyablement doux pour une matinée de mi-novembre. Au-dessus de nos têtes, le ciel était immense. Le bateau filait à bonne allure.
Plein ouest.
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