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Chapitre 11 (deuxième partie)

Publication : par M. Lauga

XI Récit d’Émile Ducroq, cinquante ans, épicier

Oui, c’est moi qui les ai conduits là -bas, les six frères Doutreleau. Le septième aussi sans doute, le petit, mais je l’ai pas vu. Ils le cachaient dans le fameux sac.
Je les ai tous fourrés derrière en leur disant de toucher à rien. Mais ils avaient pas l’air bien méchant, ils se sont assis par terre au milieu des marchandises et ils ont plus bougé.
Un des deux à la casquette est venu devant avec moi, mais il était pas causant.
— Comme ça, vous allez à l’Océan ?
— Oui.
— C’est où que vous habitez ? À Bordeaux ?
— Oui.
Comme je suis pas causant non plus, on en est restés là pendant un bon moment. Le temps de me rendre compte qu’il sentait pas la rose, le gamin. Mais je lui en ai pas voulu pour ça, moi aussi, j’ai une tendance à puer des pieds, alors on était un peu entre connaisseurs...
Dans le vide- poches, j’ai une carte du coin. Il l’a prise et il l’a étudiée de près. Et puis d’un seul coup, il a pointé son doigt dessus :
— C’est là qu’on va !
Il montrait la route qui longe l’Océan, et son doigt était pile sur la maison de l’autre fou, là . Mais j’en savais rien, moi, que c’était un fou, ce type ! Je l’ai su que plus tard. Il y avait pas écrit « fou  » sur la maison.
Faudrait arrêter de m’emmerder maintenant avec cette histoire ! C’était un mercredi : je me suis dit, voilà des gosses qui veulent aller voir la plage, c’est pas une fugue, ça, c’est une balade, c’est tout.
Je les ai déposés juste devant la maison, je peux pas dire le contraire. C’étaient des braves petits, pas des vandales.
Comme ils avaient touché à rien derrière, je leur ai même dit :
— Vous aimez les bananes, les gars ? Et je leur en ai donné une à chacun.
Après, les flics m’ont reproché en plus que j’avais pas le droit de transporter des passagers dans mon fourgon. Je le sais bien que j’ai pas le droit ! Je veux plus qu’on me parle de tout ça.
À l’épicerie, quand les pipelettes essaient de me relancer, je tombe plus dans le panneau. Je les regarde dans les yeux et je leur dis tranquillement :
— Ça sera tout pour la dame ? Ça leur ferme le caquet.

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